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Tout fout le camp chez les ténors. Oubliés les vieux monsieurs au physique imposant, au coffre vertigineux, vautrés devant des plats de pâtes.
Désormais, les chanteurs qui font trembler les murs et les oreilles peuvent aussi être jeunes, beaux et fins. Comme Amaury Vassili*, petit prodige de 19 ans, dont le premier album vient de sortir.
On l'imaginerait davantage candidat à la « Nouvelle Star » qu'à l'Opéra Bastille, gravure de mode plutôt que voix grave. Et pourtant le jeune homme a tout pour devenir un phénomène : belle gueule, beau timbre, bien sage.
« Je veux montrer que le lyrique n'est pas un style de ringards »
TF 1 l'a vite compris. La Une a choisi de soutenir l'artiste en signant un partenariat avec sa maison de disques Warner, comme pour le triomphal album de Seal à l'automne dernier.
« C'est un peu surréaliste, avoue l'intéressé. C'est la chaîne qui accompagne ma vie comme plein de gens. Cela correspond à l'idée que je me fais de ce CD entre la variété et le lyrique. Je veux montrer que ce style n'est pas un truc de vieux, de ringards et peut toucher des publics différents. »
Lui est tombé dedans petit à sa façon. A 9 ans, Amaury Vassili Chotard est détecté « enfant précoce, avec un QI de 145 ». Un cadeau empoisonné.
« Tout le monde pense que cela signifie surdoué avec une capacité de travail énorme. On me donnait plus de choses à faire que les autres. Or cela n'a rien à voir avec l'intelligence supérieure. Je comprends juste plus vite. Alors, j'étais inadapté, introverti. Je n'avais pas du tout confiance en moi. »
Quelques séances de psy plus tard, le gamin rejoint un centre de comédie musicale « pour fuir l'environnement familial » et se découvre une voix.
« Je n'ai jamais eu un timbre aigü. J'ai même l'impression de ne pas avoir mué. A 13 ans, je reprenais Savoir aimer de Florent Pagny qui m'a permis de remporter des prix dans des concours de chant ».
Amaury s'inscrit ensuite à un casting organisé par le producteur Gérard Louvin qui le fait signer chez Universal pour un single « Nos instants de liberté ». Sans suite.
« Je crois que la maison de disques ne savait pas comment mener à bien le projet ».
Warner tombe sur lui, le voit en Josh Groban français, qui pourrait affoler les jeunes filles comme son confrère américain. L'affaire est entendue. Dans son premier album mêlant reprises de Leonard Cohen et Queen, création variétés, incontournables du classique, le chanteur en impose.
« J'aime envoyer. Il y a un côté performance que je revendique. »
Quitte à défriser les gardiens du temple lyrique.
« Je n'attends rien des puristes. Ils sont déjà tellement durs avec un Roberto Alagna qui chante à la Scala de Milan. Je n'ai fait que des concerts en Normandie. » * Amaury Vassili « Vincero », Warner, 15, 99 €.